Maîtresse de maison (H/F)

Maîtresse de maison (H/F)

L’Œuvre de Secours aux Enfants, est une association médico-sociale créée en 1912 à St Pétersbourg. Elle est reconnue d’utilité publique en France depuis 1951. L’Association est composée de 750 salariés répartis au sein d’une trentaine d’établissements et services dans les domaines : de la protection de l’enfance, de l’accompagnement Alzheimer, de la santé, du handicap et de la mémoire.

La nouvelle MECS Willy FOGEL accueillera 18 enfants sur deux unités de vie et un troisième espace sera dédié au travail avec les familles. Son ouverture est prévue pour le premier trimestre 2025.

Elle propose une offre d’emploi : Maîtresse de Maison H/F en CDI Temps plein (35 h/semaine) Rémunération selon la CCN 66. 

Vos missions :

Sous l’autorité hiérarchique de la Directrice Adjointe, vous contribuez à l’élaboration et à la mise en œuvre du projet individuel.

Vous assurez :

  • L’entretien de l’unité de vie, des chambres des enfants (notamment nettoyage complet et désinfection des chambres lors d’un départ de jeune), de la cuisine, des salles de bains, et salle de séjour (dépoussiérage, entretien des sols, etc.).
  • De la bonne gestion et de la propreté du linge des jeunes accueillis. Tri et lavage du linge des jeunes et du linge de maison.
  • En lien avec l’équipe pluriprofessionnelle, l’accompagnement des enfants dans les actes de la vie quotidienne
  • Une présence le matin avec les éducateurs, pour préparer le petit-déjeuner des enfants, les aider à s’habiller.
  • La préparation des repas pris en commun avec les enfants et les éducateurs.
  • La participation à la gestion des achats et du stock des produits d’entretien, du linge et de cuisine.
  • La participation à l’organisation des évènements institutionnels. (fêtes de fin d’année, de l’établissement…)
  • La participation à la réflexion institutionnelle (via notamment le projet d’établissement).

Votre profil en tant que Maîtresse/Maître de maison :

  • Vous êtes titulaire du diplôme Maîtresse/Maître de maison.
  • Vous êtes une personne engagée, autonome, sérieuse, capable de prendre des initiatives.
  • Vous avez le sens de l’organisation et être en capacité de travailler en équipe.
  • Vous connaissez les publics pris en charge ainsi que les procédures et normes d’usage en ce qui concerne l’hygiène et la sécurité (notamment alimentaire).
  • Vous souhaitez vous investir auprès des enfants et des équipes.

Une expérience similaire serait un plus. Permis de conduire souhaité.

Rémunération selon la CNN66 : 1 772,58€ à 1 854,12€ brut.

Lettre de motivation et CV à adresser à Mr Nelson BELFER, directeur de la maison d’enfants Willy FOGEL, par mail à Mme BENOUDIBA par mail à : o.benoudiba@ose-france.org en précisant dans l’objet du mail : candidature Maîtresse/Maître de maison.

4 offres d’emploi EJE

4 offres d’emploi EJE

4 postes EJE (H/F) :

  • Directrice d’une crèche de 20 berceaux
  • EJE à mi-temps sur une crèche familiale (matin) et un mi-temps sur une halte-garderie
  • EJE de terrain sur une crèche de 42 berceaux
  • EJE, directrice adjointe, sur une crèche de 50 berceaux.

Membre de la Communauté d’Agglomération Saint-Germain Boucles de Seine, la Ville de Houilles propose plusieurs postes vacants pour des EJE. Elle est située à 7 Km au Nord-Ouest de Paris, proche de la forêt de Saint Germain en Laye et de la Défense. Elle bénéficie d’un cadre exceptionnel et d’infrastructures importantes de transports.

Poste ouvert au recrutement des agents de la fonction publique ou à défaut aux salariés des autres secteurs sous contrat à durée déterminée de 12 mois renouvelable.

Les missions

  • Participation aux soins d’hygiène, de confort et au bien-être de l’enfant,
  • Accompagnement des collègues auprès d’enfants dans la prise en charge quotidienne à partir d’observations individuelles ou en groupe,
  • Relation avec les familles afin qu’ils puissent situer l’évolution de leur enfant au sein de la crèche,
  • Proposition d’un environnement adapté en fonction des acquisitions de l’enfant, et propice à son développement,
  • Contribution à la mission de prévention dans sa dimension sociale et éducative,
  • Accompagnement et participation à l’évaluation du travail du travail des stagiaires en formation sur son métier,
  • Organisation et évaluation d’ateliers pédagogiques en travaillant avec les autres éducateurs de jeunes enfants du service de la petite enfance et des partenaires extérieurs (école, bibliothèque…),
  • Pilotage d’une réflexion autour des outils pédagogiques (matériel, mobilier, jeux, livres),
  • Développement et animation d’activités manuelles et d’éveil,
  • Organisation en lien avec l’équipe de l’aménagement de l’espace de vie et de jeux,
  • Organisation de spectacles, sorties en concertation avec l’équipe,
  • Participation à l’élaboration du projet à tous ses niveaux (social, établissement, éducatif, pédagogique),
  • Accompagnement au quotidien des collègues dans la mise en œuvre du projet,
  • Animation de groupe de réflexion pédagogique,
  • Participation aux réunions d’échanges et d’information avec les familles visant à favoriser leur implication,
  • Assurance d’un relais d’encadrement afin de garantir une continuité de direction sur le fonctionnement général de l’établissement et ce, en l’absence de la direction, et en liaison avec la responsable sanitaire, sur tous les aspects médicaux.

Les profils recherchés

  • Diplôme d’éducateur de jeunes enfants,
  • Connaissances approfondies sur l’enfant (développement, besoins) et des règles de sécurité et d’hygiène,
  • Situer sa fonction et la place de l’éducatif au sein d’une structure, d’un service et auprès des différents partenaires,
  • Capacité à organiser les conditions d’accueil de l’enfant et de sa famille,
  • Capacité à mener des entretiens et à animer des réunions d’échanges et d’information avec les familles,
  • Capacité à établir des relations éducatives avec les enfants
  • Capacité à organiser un planning d’activités…

Si vous êtes intéressés, merci d’envoyer votre candidature à martine.alterlentilhac@ville-houilles.fr

La catastrophe annoncée des crèches collectives

La catastrophe annoncée des crèches collectives

Le secteur de la petite enfance bénéficie d’un cadre légal comprenant une obligation de professionnalisation et un système de contrôle par l’autorité de tutelle, la Protection maternelle et infantile (PMI), dont la pertinence et l’efficacité sont aujourd’hui remises en cause. La professionnalisation vise à assurer que les personnes en exercice sont détentrices de compétences nécessaires à la réalisation de la mission. Elle consiste à créer une adéquation entre compétences à déployer et objectifs visés dans la mission. La réglementation de ce secteur permet de garantir cette adéquation. Malgré cela, l’actualité montre les difficultés gravissimes. C’est la mort d’une enfant en juin 2022, au sein d’une micro-crèche, qui a ouvert le front médiatique relayant au grand public la situation catastrophique que vit ce secteur. Ceci pourrait relever d’un très malheureux hasard, mais les nombreuses alertes portées par les professionnels de ce secteur, depuis 10 ans, montrent la surdité profonde des pouvoirs publics. Cela dit, le récent rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS, 2022), commandité en urgence par le gouvernement, énonce parfaitement, mais trop tard, ce qui était connu et reconnu par tous les professionnels. La catastrophe était donc annoncée.

Comment en sommes-nous arrivés à cette situation ? Comment d’un ambitieux projet politique, le résultat des courses s’apparente à une braderie profonde d’un secteur au niveau de sa professionnalisation, de sa performance, dans un contexte de marchandisation ?

L’approche hygiéniste, fondatrice de la professionnalisation des crèches, a conduit à confier la garde des petits enfants à des professionnels de santé. La structuration et la professionnalisation des crèches sont nées d’une grande ambition politique de l’État français porté par « le grand projet sanitaire pour l’enfance », selon l’ordonnance du 2 novembre 1945 instituant la PMI. Cette ordonnance inscrit les établissements de la petite enfance sous la tutelle du Code de la santé publique (CSP). Son organisation est alors calquée sur celle de l’hôpital. Les crèches collectives deviennent de hauts lieux de conservation des enfants, tant les soins à prodiguer aux enfants et la « chasse aux microbes » sont dominants, car la mission prioritaire de ces établissements relève de la santé publique. Les bébés sont alors des « objets de soins », car la finalité du travail des professionnels de santé en exercice est de prodiguer les soins d’hygiène nécessaires à la bonne santé des enfants. La santé des enfants est alors comprise comme fondée sur la prévention de la maladie et la lutte contre la maladie [1].

C’est donc naturellement que les équipes sont alors composées de puéricultrices et d’auxiliaires de puériculture. Deux métiers sanctionnés par un Diplôme d’État (DE), dont le premier est d’un niveau de 4 année après le baccalauréat et le second infra-baccalauréat. Une mission sanitaire de haute importance est logiquement confiée à une équipe de spécialistes en santé : le contexte est clair et performant au regard de sa mission de l’époque. L’ouverture à la question éducative s’est faite au travers d’un long processus nourri grâce à la vulgarisation de travaux scientifiques tels que : Spitz concernant l’hospitalisme ; Bowlby concernant l’attachement ; Winnicott concernant le jeu et la créativité ; Piaget concernant les stades du développement ; Malher concernant le processus de séparation-individuation ; et plus récemment Rappoport concernant la bien-traitance.

L’introduction des jardinières d’enfants au sein des crèches, puis la création du Diplôme d’État d’éducateur de jeunes enfants (DEEJE) en 1973 (alors diplôme de pédagogue), ont été des points forts dans ce processus. L’entrée des psychologues, sous la forme de vacations, a été un véritable appui pour les Éducateurs de jeunes enfants (EJE) dans la mission éducative qui leur revenait au sein d’équipe paramédicales. En effet, malgré l’avancée des connaissances et l’évolution de la compréhension des besoins de l’enfant, les équipes sont encore majoritairement à dominante sanitaire. Les EJE peinent dans leur mission éducative, car leurs fonctions se confrontent en permanence aux exigences et contraintes sanitaires qu’incombent « la chasse aux microbes », qui est le cheval de bataille des professionnels de santé avec qui elles exercent. Le contexte se brouille au regard de l’évolution de la nouvelle mission éducative. Les EJE sont largement minoritaires dans la composition des équipes et incarnent à elles seules la pluridisciplinarité. Leurs moyens sont trop fragiles, car minoritaires, pour inclure une dimension éducative dans ce contexte sanitaire.

La question sociale fait son entrée officielle dans les missions des nouvellement nommés Établissement d’accueil du jeune enfant (EAJE), avec la promulgation du décret n° 2000-762 du 1er août 2000. La question socio-éducative devient alors un élément fort de la mission des crèches. Ils sont inscrits dans le Code de la santé publique (CSP). Il est ainsi fait obligation à toutes les crèches d’élaborer un projet social et éducatif [2]. Les jeunes enfants sont devenus des sujets au sein de la crèche. Les EJE dont le métier a évolué depuis son origine, sont les moteurs et les garants des questions socio-éducatives.

En 2000, le CSP définit la mission des crèches collectives ainsi « Les établissements et les services d’accueil veillent à la santé, à la sécurité et au bien-être des enfants qui leur sont confiés, ainsi qu’à leur développement. Ils concourent à l’intégration sociale de ceux de ces enfants ayant un handicap ou atteints d’une maladie chronique. Ils apportent leur aide aux parents afin que ceux-ci puissent concilier leur vie professionnelle et leur vie familiale. » [3] Malgré cette évolution, les équipes demeurent majoritairement sanitaires dans la mesure où la législation impose la présence d’un EJE par tranche d’agrément de 40 berceaux. La question éducative ne va alors pas de soi, comme le précise Laurence Rameau : « Lorsque l’on demande aux professionnels de définir ce qu’ils font réellement, ils mettent en avant la mission sanitaire de leur travail (veiller au bon développement et à la bonne santé de l’enfant), en ajoutant plus ou moins des axes éducatifs et, au mieux, créer la représentation d’un prendre soin éducatif qui donne une cohérence à leur travail » [4].

En 2007, un nouveau décret [5] vient modifier le CSP, en apportant des changements importants qui sont le moteur d’une dérégulation sans précédent : augmentation du taux d’accueil en surnombre ; diminution de la part du personnel encadrant possédant un Diplôme d’État (DE) ; fin du monopole des directions aux seuls DE paramédicaux. Il introduit également les micro-crèches. Ces structures bénéficient désormais d’une souplesse inégalée jusque-là. Si les EJE peuvent (enfin) diriger une crèche, les gestionnaires sans expérience avec l’expertise de la petite enfance, le peuvent également pour les micro-crèches, pour lesquelles, il n’existe pas d’obligation d’embauche d’un EJE ! Seuls des auxiliaires de puériculture, les accompagnants éducatifs de la petite enfance et des non qualifiés peuvent composer l’équipe. Et c’est ce qui se passe ! Si la mission socio-éducative des crèches est toujours d’actualité, elle est désormais totalement impossible à réaliser.

En 2010, le décret dit « Morano » [6] poursuit la dérégulation des crèches. Les structures d’accueil peuvent dès lors accueillir plus d’enfants en surnombre, le taux de personnel ayant une qualification supérieure est encore réduit et les micros-crèches voient leur réglementation allégée. Les équipes sont encore moins qualifiées et accueillent encore un plus grand nombre d’enfants. On marche sur la tête !

Enfin, en 2021, la loi d’Accélération et de simplification de l’action publique (ASAP) vient apporter de nombreuses modifications. Certaines peuvent être saluées, comme par exemple l’exigence pour les locaux des crèches, d’un nombre de mètres carrés minimum par enfant, la promulgation d’une charte nationale de l’accueil du jeune enfant [7] ou encore l’obligation pour les employeurs d’organiser et financer de l’analyse des pratiques. En revanche, du côté de la qualification de la professionnalisation, cette loi porte un nouveau coup de massue à l’exigence minimale de qualité attendue : possibilité, pour des auxiliaires de puériculture, d’accéder aux fonctions de direction, diminution du nombre d’EJE par établissement, simultanément à une augmentation de la capacité d’accueil des micro-crèches et, pour la première fois, la possibilité pour des mères et pères de famille ayant trois enfants, d’accéder aux fonctions d’EJE. L’expérience personnelle de la parentalité se substitue à l’expertise professionnelle. Cette dernière mouture législative atteint un point culminant dans la déprofessionnalisation des crèches et de la petite enfance, en réactivant l’archaïque idée reçue que la compétence n’est pas suffisante au profit d’une fibre naturelle.

Paradoxalement, à la poursuite de la dynamique de déprofessionnalisation, cette loi renforce la mission socio-éducative en en définissant très clairement les contours comme l’indiquent ces objectifs du Code de l’action sociale et des familles (art. L214-1-1) : « Veiller à la santé, la sécurité, au bien-être et au développement physique, psychique, affectif, cognitif et social des enfants qui leur sont confiés. Contribuer à l’éducation des enfants accueillis dans le respect de l’autorité parentale. Contribuer à l’inclusion des familles et la socialisation précoce des enfants, notamment ceux en situation de pauvreté ou de précarité. Mettre en œuvre un accueil favorisant l’inclusion des familles et enfants présentant un handicap ou atteints de maladies chroniques. Favoriser la conciliation par les parents de jeunes enfants de leurs temps de vie familiale, professionnelle et sociale, notamment pour les personnes en recherche d’emploi et engagées dans un parcours d’insertion sociale et professionnelle et les familles monoparentale. Favoriser l’égalité entre les femmes et les hommes ».

Pour compléter le tableau, il est important de rappeler que les crèches sont concernées par la Directive services de l’Union européenne [8], qui dérégule ce secteur du point de vue économique. La libéralisation de ce « marché » a permis à des entreprises à but lucratif d’investir pour réaliser du bénéfice à partir de subventions de l’État [9]. La baisse d’exigence des qualifications des professionnelles de la petite enfance constitue alors un effet d’aubaine pour la rentabilité des crèches ! La boucle est bouclée, dans la mesure où la déprofessionnalisation et la Directive service forment un barrage à la mission sociale des crèches. La mission socio-éducative devient alors impossible.

Les inspecteurs de l’IGAS ont offert un porte-voix aux cris de détresse des professionnels de ce secteur. L’expertise et la légitimité des inspecteurs n’ont pu être balayées d’un revers de main par les pouvoirs publics. Depuis 2010 et le décret Morano, des collectifs de professionnels du secteur tel que « pas de bébé à la consigne », mènent en vain des actions régulières pour alerter les pouvoirs publics de la dégradation catastrophique de la qualité de mise en œuvre des missions des crèches et des risques encourus par les très jeunes enfants. Si depuis tant d’années, les alertes des professionnels du secteur n’ont pas été entendues, nous pouvons penser que c’est parce que les professionnels de ce secteur ne sont pas pris au sérieux. D’un point de vue politique, leurs expertises ne sont plus reconnues. Cette décrédibilisation est d’autant plus forte que les exigences législatives en la matière n’ont fait que baisser. Il est aussi troublant de constater que la dimension socio-éducative a été reconnue dans cette tendance à la dérégulation. Existe-t-il un calcul politique pariant sur la faiblesse de l’éducatif par rapport au paramédical pour ne pas entraver la marchandisation de ce secteur ?

En effet, simultanément au renforcement socio-éducatif des crèches, la qualification baisse à la même fréquence, selon l’équation suivante : 1 réforme = renforcement de la mission sociale + allègement des exigences de qualification des professionnels. Ces deux évolutions sont contradictoires et composent la « mission impossible » en matière socio-éducatif. Aujourd’hui, les EJE sont toujours les seuls travailleurs sociaux au sein des crèches, car ces dernières sont toujours sous l’égide de l’ordonnance du 2 novembre 1945 du code de la santé publique, et ils sont totalement absents des micro-crèches.

L’analyse de cette situation avait déjà été faite en 2014 dans un ouvrage rédigé sous la direction de Boris Cyrulnik [10], dont les propositions sont reprises aujourd’hui par les inspecteurs de l’IGAS, avec 7 ans de retard. Quand les politiques disent aujourd’hui qu’il manque 10 000 professionnels dans le secteur de la petite enfance, nous ne pouvons que constater que le problème n’est pas compris. Ce qui manque est une réforme profonde de la structuration des crèches. Si une diminution des ratios adultes-enfants est indispensable, revenir à une situation d’adéquation entre les métiers composants les équipes et les missions d’aujourd’hui est incontournable et urgent.

Je termine par rendre hommage à toutes les équipes de crèches qui, malgré la tourmente dans laquelle elles mènent leur mission, le font de leur mieux et réussissent à déjouer de nombreux freins que les politiques sociales françaises et européennes leur imposent.

Bibliographie

  • Bowlby, John (1987), Attachement et perte 1, 2, 3, PUF.
  • Bellion-Banide, Émilie et Gey, Nathalie (2021-09) « Toucher/Pas Toucher : Le Care à l’épreuve du Covid-19 », Revue [petite] enfance, n° 136. En ligne : https://revuepetiteenfance.ch/toucher-pas-toucher-le-care-a-lepreuve-du-covid-19/ (Consulté le 13 juin 2023).
  • Gey, Nathalie (2003), La crèche collective, berceau de la société urbaine de demain, mémoire de fin de formation, DHEPS, Paris 3, Sorbonne Nouvelle.
  • Gey, Nathalie (2011), Devenir Éducateur de Jeunes Enfants, ESF.
  • Guide de la bientraitance, ANESM, 2008.
  • Malher, Marguerite (1977), Séparation individuation, Jason Aronson.
  • Mozère, Liane (1992), Le printemps des crèches, histoire et analyse d’un mouvement, L’Harmattan.
  • Ordonnance du 2 novembre 1945 portant la création de la PMI.
  • Piaget, Jean (1936), La naissance de l’intelligence chez l’Enfant, Delachaux et Niestlé.
  • Rappoport, Danielle (2006), La bientraitance envers l’enfant, Belin.
  • Winnicott, Donald Woods (2004), Jeu et réalité, l’espace potentiel, Gallimard.

 

Auteure : Nathalie GEY

Témoignage de Juliette

Témoignage de Juliette

Découvrez le témoignage de Juliette qui a suivi notre formation «Repérer et contribuer à la prise en compte des violences faites aux femmes »

La formation « violences faites aux femmes » a été extrêmement enrichissante pour ma pratique de travailleuse sociale. Grâce à l’expérience de terrain et aux compétences pédagogiques des formatrices, j’ai considérablement étoffé ma boîte à outils dans le repérage et l’accompagnement des victimes de violences, notamment conjugales. Je me sens mieux armée et plus compétente sur le terrain. Merci à toute l’équipe pour cette formation riche et passionnante.

Le Care à l’épreuve du Covid-19

Le Care à l’épreuve du Covid-19

Le concept du care naît aux Etats-Unis dans le livre In a different voice de Carole Gilligan (1985). Constatant que les critères de prise de décision morale diffèrent entre hommes et femmes (les uns se référant plus au droit et au calcul, les femmes s’orientant plus vers la relation et les interactions sociales), Gilligan établit un nouveau paradigme nommé care qui apparaît ensuite en Europe dans le champ social et éducatif. Il se définit comme « capacité à prendre soin d’autrui », « souci prioritaire des rapports avec autrui ».

Par care, nous entendons : « prendre soin en tant que « disposition psychique, attention tournée vers autrui » et « prendre soin par le biais d’une action concrète dirigée vers l’autre », deux dimensions inséparables se caractérisant par l’association de l’acte de soin avec la dimension émotionnelle vécue par le professionnel dans la relation à l’autre. Le care comporte aussi une dimension interactive, car l’attention portée à l’autre s’entend du professionnel vers le bébé, mais considère aussi la capacité précoce du bébé à prêter attention à nous ce qui provoque des émotions chez l’accueillant.

Le care naît alors que la psychologie s’introduit dans les EAJE dans les années 1980, s’appuyant, entre autres, sur les travaux de Winnicott, Spitz ou Dolto. En 1984, Bernard Martinot démontre au grand public que le bébé à une vie psychique et pointe l’importance du jeu. Le documentaire Le bébé est une personne marque cette période et une transformation des pratiques au sein des crèches commence, associant une dimension psychologique, affective et sociale aux soins donnés. Ainsi se fait une mue lente et laborieuse pour que « le soin prodigué à l’enfant » laisse place « au prendre soin » du jeune enfant. Les pratiques en crèche recherchent alors un consensus avec la définition de l’OMS définissant la santé comme « un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consistant pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité ».

Avant la pandémie, bien qu’il y ait eu de réelles évolutions, la question éducative n’allait pas encore de soi. Laurence Rameau souligne que : « Lorsque l’on demande aux professionnels de définir ce qu’ils font réellement, ils mettent en avant la mission sanitaire de leur travail (veiller au bon développement et à la bonne santé de l’enfant), en ajoutant plus ou moins des axes éducatifs et, au mieux, créer la représentation d’un prendre soin éducatif qui donne une cohérence à leur travail. »

Au regard de la composition des équipes et de la législation des EAJE en France, la tendance sanitaire est une tendance qui tend à s’accentuer aujourd’hui avec le Covid-19. Les normes sanitaires ont envahi le quotidien des professionnels et donc celui des enfants et des familles. Les actes de désinfection réguliers occupent une place importante comme le signifie Odile, EJE en crèche collective : « Depuis le début de la pandémie, je ne peux plus faire mon travail d’éducatrice. Je passe tout mon temps à osciller entre la désinfection des jouets et le remplacement de mes collègues auxiliaires de puériculture, car entre les cas contacts entraînant des arrêts de travail, l’arrêt de la scolarisation des enfants et les cas positifs, nous sommes en sous-effectif chronique. Inutile de dire que l’éducatif n’est plus de mise et que le temps passé à prodiguer les soins aux jeunes enfants est réduit à peau de chagrin. » La lutte contre le Covid-19 supplante donc ici le projet éducatif.

Clairement, la crise du Covid-19 et ses mesures préventives modifient beaucoup le quotidien des crèches. La liste des mesures est longue et beaucoup sont chronophages (désinfection fréquente du matériel de base, du mobilier, des jouets, des mains des adultes et des enfants). L’organisation de l’espace doit aussi favoriser la distanciation sociale entre enfants à une période de leur vie ancrée dans le stade oral où la sphère buccale et œsophagienne est très investie et sert d’étayage à l’exploration du monde. Or, l’exécution de ces mesures préventives empiète sur le temps consacré directement à l’accompagnement éducatif. L’inquiétude des professionnels face aux risques sanitaires du Covid-19, envahit leur pensée et impacte leur disponibilité psychique et physique, troublant leurs compétences à exercer la fonction contenante nécessaire aux enfants.

Le virus a aussi entraîné une inquiétude du côté du contact entre les professionnels et fait voler en éclats le travail en équipe si nécessaire à la construction des pratiques éducatives et du prendre soin des enfants. Ainsi, ceux-ci restent dans leur espace de vie. Les temps d’échanges intergroupes ont disparu, car propices à la contagion. Le contact entre humains est devenu une source de danger et le corps est connoté de ce risque majeur de transmission de la ­maladie.

Lors d’une session de formation continue se déroulant au mois de juin 2021 à Paris, sur « le positionnement professionnel de l’éducateur de jeunes enfants en EAJE », les stagiaires ont beaucoup évoqué l’impasse où se trouve la question éducative en EAJE depuis le début de la pandémie. Il est même question d’un repli des professionnels sur eux-mêmes, car les protocoles prévoient d’éviter au maximum les déplacements d’adultes au sein de l’établissement et même sur les temps de pause, les contacts entre professionnels sont « empêchés » ou « limités » par l’organisation des mesures barrières.

Face à l’inquiétude générée par un virus mal connu, les adultes mettent en place des mouvements défensifs pour se protéger psychiquement d’un envahissement par l’angoisse.

L’intellectualisation et les obsessions phobiques avec craintes irrationnelles de contamination caractérisent le fonctionnement obsessionnel. Or, aujourd’hui, les professionnels doivent mettre en place des rituels de décontamination « obsessionnels ». Ceux-ci contribuent certes à lutter contre angoisses dépressives et sentiments d’impuissance bien réels ressentis dans ce climat de pandémie, mais peuvent s’avérer inefficaces si l’angoisse est trop forte. Rester touché par les émotions de l’enfant est donc souvent difficile pour les professionnels.

Dans une étude menée lors du premier déconfinement par M.-H. Hurtig (puéricultrice) et M.-P. Thollon-Behar (psychologue) sur 43 crèches en France, en Belgique et au Luxembourg, elles constatent que, si certains lieux avaient pour consigne d’éviter le portage surtout face à face, les professionnels disaient : « Il est impossible de ne pas répondre aux besoins de proximité physique des enfants accueillis. » L’injonction de limiter le portage les plaçait donc dans un conflit entre valeur professionnelle et autorité. En dépit des diverses injonctions ministérielles, les réactions des professionnels ont montré que la proximité professionnel/enfant/parents qu’elle s’entende comme proximité physique ou relationnelle était pour eux une valeur essentielle.

Autrices : 

  • Nathalie Gey, directrice de l’Institut IRIS
  • Emilie Bellion-Banide, psychologue clinicienne